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CEMAC : comment le FMI veut imposer un sommet des chefs d’Etat

La conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) qui aurait pu se tenir en présentiel en mi-décembre 2022 à Yaoundé et renvoyée pour « raison de calendrier » liée notamment à la tenue à Washington du deuxième sommet Afrique-Etats-Unis est à nouveau au centre des préoccupations des dirigeants de la sous-région. Selon des informations, et pour diverses raisons, l’option d’un sommet en présentiel est loin d’emporter l’adhésion de tous.

S’il reste à harmoniser des agendas présidentiels en vue d’une participation « effective » de tous les chefs d’Etat de la CEMAC audit sommet qui devrait se tenir courant janvier 2023, analystes et observateurs s’accordent pour dire que des enjeux économiques devraient prendre le pas sur des préoccupations politiques et sécuritaires, pourtant tout aussi importantes. La raison est toute simple. En réalité, les dirigeants de la sous-région sont sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) plus que jamais décidé à imposer ses orientations économiques et monétaires. Bretton Woods qui a paraphé ces trois dernières années des accords pour l’implémentation du programme économique et financier dans le cadre de la revue des accords au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC) voudrait s’assurer que ces mesures qui ne sont autre chose qu’un « nouveau Plan d’ajustement structurel (PAS) » explique-t-on sont respectées et appliquées à la lettre.

Parmi ces mesures, la suppression des subventions que les Etats apportent aux hydrocarbures. Une suppression ou une forte diminution de l’Etat dans ce secteur étant synonyme d’une hausse des prix des produits pétroliers et gaziers. Tout laisse croire que les dirigeants ne souhaitent pas faire face à une implosion sociale qu’entrainerait un réajustement des prix de pétrole. Si certains pays comme la Centrafrique et le Congo ont déjà acté la hausse des prix des carburants et que le Tchad devrait suivre le mouvement, le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale sont encore dans l’expectative. Or, il est question pour le FMI de se diriger vers une « solution régionale harmonisée de la suppression des subventions des carburants », ce qui présage d’une hausse prochaine des prix des carburants  dans tous les pays de la zone CEMAC. Conséquence, certains dirigeants seraient plutôt favorables pour torpiller l’organisation dans ce contexte d’une conférence des chefs d’Etat de la CEMAC.

Par ailleurs, nonobstant le fait que des principaux signaux n’évoquent pour l’instant des risques d’une dévaluation du Franc CFA, des informations proches de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) laissent croire que le FMI pourrait actionner des « mesures de rétorsion » au cas où les pays de la sous-région continueraient à lui tenir tête. Aussi, faut-il s’interroger au regard de l’environnement international dont des effets néfastes impactent les économies de la sous-région,  si ces pays ont des moyens pour résister longtemps au diktat du FMI ?

C’est dire qu’il faudra être très attentif aux conclusions de la troisième revue du FMI dont des missions séjournent actuellement dans la zone CEMAC. Encore que les politiques budgétaires qui ressortent de la loi de finances 2023 dans les pays de la sous-région avec des nouvelles impositions fiscales traduisent l’un des « souhaits » du FMI et présagent malheureusement du renforcement des tendances inflationnistes. Compte tenu de la conjoncture internationale et des aléas des économies de la CEMAC, la Banque centrale table sur un taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel de 2,9% en 2023 contre 3,2% préalablement projeté, tandis que l’inflation qui se situe à 4,6% devrait s’accentuer pour se situer à 4,8% au premier trimestre de l’année.

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