La capitale française abritera le 25 avril 2023, la réunion ministérielle de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de la France. Ce dialogue économique et financier de « haut niveau » qui n’a pu se tenir ces dernières années du fait de la pandémie de Covid-19 verra également la participation des présidents des institutions ainsi que les gouverneurs des banques centrales de la France et de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).

Lesdites assises qui se tiennent dans le prolongement des assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) tenues courant avril à Washington devraient notamment permettre d’échanger sur  les facteurs clefs de résilience des économies de la zone, ainsi que les moyens de renforcer leur convergence et leur diversification. Malgré des tentatives de relance, la zone CEMAC fait face à une inflation galopante qui cumule à 6%, soit le double du seuil communément toléré.

Autrement dit, les travaux de Paris interviennent dans un contexte de « multiplication des chocs économiques – pandémie du Covid-19, guerre en Ukraine, crise inflationniste et resserrement des conditions financières internationales – auxquels l’économie mondiale a dû faire face au cours des derniers mois et qui ont particulièrement affecté les économies africaines dont celles des pays de la CEMAC », selon un communiqué conjoint du comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) et du ministère français de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.

La CEMAC sur les traces de l’UEMOA ?

Selon des informations, au-delà d’étroits liens économiques, financiers et monétaires que la France entretien avec les Etats de la CEMAC, les modalités de ces coopérations seront évoquées en relation avec des déplacements récents du président français au Cameroun en 2022, au Gabon et au Congo en 2023. C’est sans doute le principal enjeu de cette réunion, où d’après des sources proches du dossier, outre le sujet lié à l’avenir du Franc CFA, il sera surtout question de faire le point sur les avoirs des pays de la CEMAC dans le compte d’opération logé au trésor français crédité de plus de 3000 milliards de FCFA (5 milliards de dollars) indique-t-on. Au terme de l’exercice 2022, la BEAC renseigne que les avoirs en devise des pays de la CEMAC logés au Trésor français ont généré un bénéfice de près de 43 milliards de FCFA (72 millions de dollars), soit une hausse de 244% ce qui représente le rendement le plus élevé depuis plus de sept ans.

Abordant le point sur l’avenir du Franc CFA lors de la 15è conférence des chefs d’Etat de la CEMAC le 17 mars 2023 à Yaoundé, les dirigeants de la région s’appuyant sur les résultats d’une étude commandée à la BEAC en 2019 se sont dits favorables sur « un schéma approprié, conduisant à l’évolution de la monnaie commune ». Certes,  lesdits contours n’ont pas été rendus publics, ce qui n’empêchent pas des analystes à anticiper, estimant qu’il pourrait s’agir d’une réforme calquée sur le modèle de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) avec pour principales articulations « la clôture du compte d’opérations, le rapatriement des réserves de change au siège de la Banque centrale, le retrait progressif des représentants français au sein du conseil d’Administration de la BEAC, ainsi qu’une nouvelle dénomination de la monnaie ».  

Compte tenu de l’environnement international incertain,  la réunion ministérielle sera également l’occasion de partager les réflexions sur la contribution des initiatives multilatérales mises en place depuis le Sommet sur le Financement des économies africaines organisé à Paris mai 2021, telles que la mobilisation des DTS et la négociation de la dette dans le cadre commun pour répondre aux besoins de financement des économies de la CEMAC, et plus largement des pays africains, des échanges en prélude au prochain sommet sur un nouveau pacte financier mondial prévu en France les 22 et 23 juin 2023 dont les principaux objectifs visent la réforme du système financier international au service du développement et du climat, enjeux qui concernent les Etats de la CEMAC.

                                      Avec Financial Afrik