CEMAC : les enjeux du Forum international du réseau de la banque et de la finance durables

Le changement climatique menace la stabilité de la planète et particulièrement les pays de la Communauté économique et monétaire l’Afrique centrale (CEMAC) suggère l’adaptation des nouveaux mécanismes de développement qui tiennent compte des avantages environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) adossés sur la finance verte. C’est l’un des principaux enseignements qu’on peut tirer à l’issu de la première édition du Forum international du réseau de la banque et de la finance durables organisé les 8 et 9 mai 2023 à Douala sous les auspices de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), du Réseau de la Banque et de la Finance Durables (SBFN) et de la Société Financière Internationale (SFI), membre du Groupe de la Banque Mondiale (BM).
Les pays de la sous-région subissent de plein fouet les effets du changement climatique dans un contexte où les marchés émergents sont plutôt attirés par le modèle de développement économique basé sur l’industrialisation sidérurgique et des énergies fossiles dont des effets sont néfastes sur l’environnement. Un potentiel minier, agricole et halieutique dont l’exploitation abusive peut entrainer leur épuisement ou dégrader l’environnement. D’où la nécessité de revoir le modèle économique en favorisant des technologies respectueuses de l’environnement.
En effet, « la CEMAC est encadrée au sud par la forêt du bassin du Congo, qui constitue la seconde réserve forestière et hydraulique mondiale, et au nord par le lac Tchad, le troisième plus grand lac clos de la planète. Ces deux ensembles géographiques sont aujourd’hui menacés par le changement climatique et les activités humaines, mettant en jeu la survie de la faune, de la flore et des populations locales. En effet, la déforestation, la sécheresse, la surexploitation et la variabilité hydro-climatologique mettent en péril les écosystèmes forestiers et les moyens de subsistance des populations avoisinantes. Selon les estimations, le Bassin du Congo aurait perdu environ 3,1 millions d’hectares de forêts au cours des cinq dernières années. Quant au lac Tchad, sa superficie est passée de 25 000 km2 à 1 500 km2 en l’espace de 50 ans, soit une réduction de près de 90 % », a insisté le gouverneur de la BEAC, Abbas Mahamat Tolli.
Se conformer aux ODD
Pour des experts, la finance durable qui s’inscrit en droite ligne des Objectifs de développement durable (ODD) prônés par les Nations unies apparait comme une alternative au financement classique, en ce sens qu’elle offre la possibilité d’accéder à de nouveaux types de sources de financement et développer un écosystème financier plus résilient. Toutefois, ceci nécessite une réglementation adéquate, à même de stimuler les investissements ayant un impact positif sur la société en vue d’améliorer la stabilité financière à travers la meilleure prise en compte des risques ESG au sein du système financier.
Dans cette mouvance, les chefs d’Etat de la CEMAC ont recommandé la conception et la mise en œuvre des politiques environnementales visant notamment la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l’écosystème ainsi que la mobilisation des financements afférents. L’adhésion des institutions sous-régionales au SBFN est une réponse à cette problématique d’autant que « la finance verte constitue une opportunité pour mobiliser des capitaux supplémentaires dans la lutte contre le changement climatique. Elle permettrait de trouver le juste équilibre entre la viabilité financière et la durabilité environnementale en soutenant des investissements financièrement viables qui contribuent à préserver les écosystèmes et la biodiversité », a précisé le gouverneur restant en phase avec la thématique centrale des travaux, « Trajectoires vers la finance durable ».
Une préoccupation partagée également par la directrice régionale de la SFI pour l’Afrique centrale, le Libéria, le Nigeria et la Sierra Leone, Dahlia Khalifa pour qui l’adhésion de la BEAC au SBFN soutenu par la SFI, constitue un « acte significatif » d’autant qu’il est la principale plateforme mondiale de partage des connaissances sur la finance durable pour les régulateurs du secteur financier et les associations bancaires des marchés émergents et des pays en développement.
Sur les ODD à l’horizon 2030, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) estime le besoin de financement mondial allant de 5 000 à 7 000 milliards de dollars. Pour l’Afrique, ce besoin est évalué à environ 438 milliards de dollars selon les analyses de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA). Le SBFN compte 78 institutions, venant de 63 pays et représente plus de 43 000 milliards USD (86 %) du total des actifs bancaires sur les marchés émergents et en développement.