CEMAC : l’UMAC accentue la pression sur la BEAC
La crise qui couve depuis l’année dernière entre le comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) et le gouvernement de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) est certainement loin de trouver une solution définitive. Après avoir imposé en des termes peu diplomatiques la tenue d’une session extraordinaire le 07 juin 2023 à Yaoundé, le comité ministériel de l’UMAC a examiné principalement le point sur le processus de recrutement des agents d’encadrement supérieur de la BEAC à l’origine de cette montée d’adrénaline.
De cette réunion de « crise », il en ressort que le stage qui aurait pu commencer le 05 juin dernier conformément à une décision du gouverneur de la BEAC est suspendu. Dans cette perspective, l’UMAC a « instruit » au gouvernement de la BEAC de mettre en œuvre la résolution N° 08 du comité ministériel du 06 octobre 2022, plus précisément de « soumettre d’ici juin 2023, à sa validation, les termes de référence relatifs à l’audit du processus de recrutement des cadres supérieurs de la BEAC par un cabinet indépendant ».
Après avoir entre autres, rappelé que la durée de formation est étalée sur un an « comme de tradition », le comité ministériel de l’UMAC a « instruit » le gouvernement de la Banque de porter à l’ordre du jour d’une prochaine session du comité ministériel pour examen, « l’état de mise en œuvre de la résolution N° 08 de la session du comité ministériel du 06 octobre 2022, afin que ce dernier puisse se prononcer sur la suite à réserver au processus de recrutement ».
Selon des informations, le comité ministériel de l’UMAC avait à cœur de rappeler « sa prééminence » sur le gouvernement de la BEAC suite à certaines libertés observées « depuis quelque temps » au sein de l’Institut d’émission monétaire de l’Afrique centrale. Des sources proches du dossier laissent croire que certains membres du comité ministériel de l’UMAC militeraient pour « le limogeage » pur et simple du gouverneur de la BEAC, Abass Mahamat Tolli et son remplacement par un autre un ressortissant tchadien dont la candidature devrait être soumise à l’approbation des chefs d’Etat de la Communauté monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) en vue de terminer le mandat dévolu à la République du Tchad.
Autrement dit, l’actuel gouverneur n’aurait sauvé sa tête que parce que son mandat tire à la fin, pratiquement moins de dix mois avant sa forclusion. Quoi qu’il en soit, l’UMAC maintient la pression sur la BEAC. Ainsi, « pour rétablir la cohésion et la sérénité au sein de la Banque », mandat a été donné au président du comité ministériel, par ailleurs ministre congolais des Finances et du Budget, Jean-Baptiste Ondaye, de « réunir le gouvernement de la Banque afin de rappeler à l’ordre, les membres du gouvernement à respecter les procédures et les résolutions prises par les organes de la Banque ainsi que les textes en vigueur, notamment le règlement intérieur du gouvernement de la Banque, qui prescrit une gestion basée sur les principes de collégialité et de respect de la hiérarchie ».
Au-delà de ces injonctions, rien n’indique que le bras de fer est à sa fin. Sur le processus de recrutement des agents et cadres supérieurs, la BEAC a toujours dénoncé une « intrusion » du comité ministériel de l’UMAC, parce qu’il s’agit des prérogatives dévolues à la Banque centrale… L’on attend certainement le prochain épisode.
Avec Financial Afrik