Cacao : le Cameroun interdit des exportations vers le Nigeria

Les exportations de cacao en direction du Nigeria sont interdites jusqu’à nouvel ordre. Bien qu’à titre conservatoire, la décision prise par les autorités camerounaises a principalement pour objectif de lutter contre des ventes frauduleuses et de contrecarrer la spéculation. Des ventes illicites renforcées ces dernières années du fait de la situation sociopolitique tendue dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest –l’un des principaux bassins de production-, qui pousse des producteurs à écouler leurs produits vers ce pays voisin.
Des chiffres compilés par l’Office national de cacao et de café (ONCC) font état de plus de 50.000 tonnes de fèves de cacao frauduleusement exportées chaque année au Nigeria, ce qui constitue un manque à gagner aussi bien pour les producteurs que pour l’Etat, dans un contexte où des initiatives se multiplient pour transformer localement plus de 30% de la production nationale. « Les exportations doivent tenir compte de la loi. Je ne pense pas que nous soyons sur le régime de l’importation illégale. Il faut immédiatement renforcer les mesures sur le terrain », a indiqué le Ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana.
Selon la loi portant réglementation du conditionnement et de la commercialisation des fèves de cacao, l’exportation du cacao est réservée aux opérateurs économiques ayant souscrit à la législation en vigueur et titulaires d’une carte professionnelle délivrée par l’interprofession. Ainsi, pour la campagne 2021/2022, la production de fèves de cacao s’est élevée à 295 000 tonnes et les exportations ont porté sur 217 000 tonnes, selon l’Office national du café et du cacao, tandis que trois opérateurs sur près d’une dizaine ont concentré 65,66% des exportations.
D’après des prévisions, la production de cacao devrait franchir la barre de 300 000 tonnes au terme de la campagne cacaoyère 2022-2023. Une quantité encore très en deçà des prévisions, puisque le Cameroun table sur une production de 600 000 tonnes par an à l’horizon 2025. Toutefois, l’embellie des cours observée cette saison cacaoyère où le prix de kilogramme de fèves de cacao est passé d’une moyenne de 1100 FCFA à 1300 FCFA par rapport à la campagne précédente constitue un motif d’encouragements pour les producteurs.