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Terminal à conteneurs : Congelcam menace de paralyser le port de Douala

Depuis quelque temps, ce qu’il convient désormais d’appeler l’affaire Congelcam-Port Autonome de Douala (PAD) à travers la Régie de Terminal à Conteneurs (RTC) défraie la chronique. Un problème qu’on aurait pu éviter si toutes les parties s’étaient conformées aux dispositions en vigueur. La violation de la loi fait en sorte que la société Congelé du Cameroun (Congelcam) est accusée par l’autorité portuaire, de vouloir paralyser le port de Douala à cause de la saturation des conteneurs frigorifiques de l’importateur de poisson congelé qui jonchent l’espace portuaire devenu malheureusement un lieu de stockage.

D’après des chiffres, Congelcam qui contrôle plus de 80% des importations de poisson a importé durant les quatre premiers mois de l’année, près de 3000 conteneurs frigorifiques, ce qui représente en moyenne 80% de ses importations au cours des deux dernières années. De qui s’interroger sur ce flux des importations, alors que selon toute vraisemblance, la demande n’a pas augmenté. En tout état de cause, au-delà de ces importations massives, Congelcam n’a pas respecté ses propres engagements d’enlever 50 conteneurs par jour, se limitant plutôt à 10 enlèvements de conteneurs frigorifiques par jour. Des enlèvements à minima qui ont provoqué la saturation du quai, indépendamment de l’attractivité qu’on reconnait au port de Douala.

Face au non-respect des clauses contractuelles ou de ce qui se révèlera plus tard comme un manque de collaboration de Congelcam, plusieurs mises en demeure seront adressées à cette entreprise, toutes restées lettre morte : la Régie du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala (RTC) le 20 février 2023, l’Autorité portuaire nationale (APN) le 03 avril 2023, la RTC le 14 avril et le 23 mai 2023 et la Capitainerie du PAD le 02 juin 2023. Un entêtement inexplicable qui peut suggérer quelques questions. Pourquoi Congelcam a fait recours aux importations massives sans tenir compte de la réglementation ? Pourquoi a-t-il ignoré les mises en demeure ? Qu’est-ce qui explique sa décision de diminuer des enlèvements ? Que cache la vente de poisson impropre à la consommation ? Alors que ces questions et bien d’autres attendent des réponses précises, Congelcam déclare des pertes d’environ 25 milliards de FCFA, car après inspection, il ressort que 432 sur 764 conteneurs sont impropres à la consommation, le poisson avarié à cause du débranchement de ses conteneurs frigorifiques ou de l’insuffisance de l’électricité, une responsabilité que Congelcam impute à la RTC. Pourtant, la RTC affirme avoir renforcé le dispositif énergétique pour une alimentation optimale des conteneurs frigorifiques.   

Quoiqu’il en soit, des « contre-vérités » de Congelcam ont poussé la RTC à apporter des précisions suivantes :

  1. Les conteneurs ont été et sont régulièrement branchés. Toutes les missions passées au Terminal l’ont vérifié
  2. Les conteneurs Reefer doivent être enlevés en direct, ce qu’il n’a pas fait
  3. La très faible vitesse d’enlèvement de Congelcam (17 Tcs/jour) traduit sa faible capacité d’absorption, ce qui oblige les opérateurs portuaires à créer des stockages tampons pour lui (cas de Maersk et Cma)
  4. Le port n’est pas un lieu de stockage. C’est ce que fait Congelcam, le temps de payer ses fournisseurs et négocier les surestaries avec les lignes. Jusqu’à présent, il continue ces négociations pour des conteneurs qui sont au port depuis février/mars
  5. Avec de tels comportements ses conteneurs entrent en dépôt douane et deviennent donc insusceptibles de réparation en cas d’avarie selon la réglementation
  6. C’est bien ce que RTC et bien d’autres ont voulu lui éviter par les multiples mises en demeure restées sans effet
  7. Il a été dit que RTC refuse les inspections. Ici également c’est méconnaître les procédures. Le terminal ne peut ni ouvrir, ni replomber les conteneurs. Seules les administrations compétentes le peuvent.   

A en croire des sources, bien que Congelcam réfute les faits, Congelcam est régulièrement accusée de vendre du poisson avarié, ce qui laisse croire que ce poisson impropre à la consommation découle des agissements de l’importateur lui-même. Autrement dit, les cris d’orfraie actuels ne seraient qu’un stratagème bien huilé du dumping, malheureusement au grand dam de la santé et du bien-être des consommateurs.

Le feuilleton en cours écrit par Congelcam intervient au moment où l’attractivité du port de Douala-Bonaberi s’inscrit sur une ligne évolutive, un gage de compétitivité visant à positionner cette plateforme portuaire au peloton de tête dans le Golfe de Guinée.

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