Culture et Société

Désordre urbain à Douala : La Mairie de la Ville capitule

Des individus sans foi ni loi ont enlevé des scellés apposés sur des constructions anarchiques par les autorités municipales et poursuivent des travaux sur des immeubles pourtant jugés dangereux aussi bien pour les occupants que pour les riverains.

L’on n’est pas encore sorti de la récente actualité avec l’effondrement des immeubles construits sur des terrains inappropriés ou ne respectant pas des normes d’urbanisme ayant occasionné des dizaines de morts et autant de blessés il y a quelques semaines à Douala. Pendant que les autorités publiques sous les auspices de la Mairie de la Ville ont multiplié des mises en garde contre le désordre urbain en posant des scellés sur des constructions anarchiques qui constituent un danger pour les occupants et les riverains, des habitants de la métropole économique comptant sur la corruption veulent faire perpétuer le désordre et l’anarchie.

Premier arrêt, c’est le cas de cet immeuble en construction sur l’emprise d’un drain au quartier Bonapriso, jouxtant la Base aérienne de Douala, plus précisément au lieu-dit Ancien Météo, dont les propriétaires ont décidé de passer outre la décision de la Mairie de la Ville, en prenant sur eux d’enlever des scellés y apposés par l’autorité municipale afin de poursuivre des travaux comme si de rien n’était. Des riverains affirment que « les travaux ont repris depuis quelque temps. Ils ont décidé de changer de tactique ; les ouvriers procèdent par petits groupes de trois ou quatre personnes contre une dizaine par le passé. Généralement, ces travailleurs viennent très tôt pour ne rentrer que tard en soirée. Si vous revenez sur place et que vous regardez bien notamment au sommet de cet immeuble, vous noterez que les travaux ont avancé par rapport à période où l’interdiction est intervenue en juillet dernier », indique-t-on.

On se souvient que suite à une forte pluie qui s’était abattue le 22 juillet 2023 sur la ville de Douala, cet immeuble construit sur l’emprise d’un drain avait occasionné de graves inondations au quartier Bonapriso exposant la vie des riverains. Une personnalité publique impactée négativement par cette construction anarchique et sa famille avaient échappé de justesse à la mort, la montée des eaux au contact avec le courant électrique avait provoqué un court-circuit et n’eût été l’intervention rapide des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui ont pu les extraire, on aurait dû enregistrer un drame de plus, voire de trop. Pour mémoire, c’est la même pluie qui avait provoqué l’effondrement d’un immeuble au lieu-dit Cité-Cicam dans le 5è arrondissement, provoquant malheureusement la mort d’une quarantaine de personnes et de dizaines de blessés dont plusieurs succomberont à leurs blessures.    

Dans la foulée, le Préfet du département du Wouri, Benjamin Mboutou et le Maire de la Ville, Roger Mbassa Ndiné, après avoir consulté des services techniques compétents, avaient décidé de raser les restes de cette construction anarchique ayant endeuillé plusieurs familles camerounaises. A leur suite, le Gouverneur de la Région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a rendu publique une circulaire dans laquelle des immeubles représentant un danger pour leurs et occupants et leurs riverains devraient être détruits. Passant de la parole à l’acte, l’ancien collège l’Institut polyvalent Njo-Njo (IPN) a été détruit.

Deuxième arrêt, au lieu-dit Sable au quartier Bonamoussadi dans le 5è arrondissement, où des constructions interdites par la municipalité ont repris de plus belle. Alors que les autorités semblent prendre le taureau par les cornes, l’on se demande pourquoi certaines constructions anarchiques ont été détruites, tandis que d’autres reconnues également pour leur dangerosité ne sont pas détruites. Troisième, quatrième et cinquième arrêts, New-Town Aéroport, Mbanga-Pongo et Mabanda, respectivement dans le 2è, 3è, et 4è arrondissements où des constructions sur les dites interdits et marécageux poussent comme des champignons au nez et à la barbe des autorités.

Faut-il y voir des actes de corruption comme d’aucuns le disent ou s’agit-il d’un problème de timing pour ramener de l’ordre partout ? Quoiqu’il en soit, au-delà des autres considérations et parce que la vie humaine n’a pas de prix, on espère que les autorités municipales vont poursuivre l’assainissement enclenché et que ceux qui bafouent la loi parce qu’ils comptent sur la corruption se verront opposer l’application de la loi dans toute sa rigueur. Ne pas continuer cet acte de salubrité publique par la Mairie de la Ville serait assimilé à une renonciation de ses prérogatives et laissera croire que les autorités ont été corrompues.

Halte au désordre urbain

Selon des sources communales, près de 90% des maisons dans la métropole économique ont des titres fonciers douteux. Sur les 800 000 constructions érigées dans la ville de Douala, environ 100 000 seulement le sont sur des parcelles au statut foncier maîtrisé. Le respect du plan d’urbanisation est sans doute la chose la moins partagée, surtout que la démission ou la complicité des autorités a favorisé l’incivisme foncier avec des constructions anarchiques, y compris dans les quartiers résidentiels et administratifs.

Au plan écologique, les nombreuses inondations observées dans certains centres urbains sont également une autre conséquence du désordre tant décrié. Dans cette perspective, la Mairie de la Ville connue naguère sous l’appellation de la Communauté urbaine de Douala (CUD) souhaite également une harmonisation des plans d’actions avec les Communes urbaines d’arrondissement (CUA) pour une gestion efficace du plan d’occupation des sols en mettant un terme aux constructions anarchiques qui pullulent dans la ville. C’est le cas de certains immeubles et maisons d’habitation bâtis sans permis de construire.

« Je souhaite que la commune nous appui dans l’identification de ces chantiers illégaux démarrés sans aucun papier » a insisté le Maire de la ville de Douala. Objectif, tordre le cou au désordre urbain qui a fait son lit partout dans la cité capitale économique, au point que même les quartiers huppés n’y échappent plus et dont le cas de Bonapriso (Météo) évoqué ici en est une illustration palpable.

                                                                                              Avec La Nouvelle Expression

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