Editorial

Lendemains incertains

Le contexte politique, économique, social et culturel reste trouble pour de nombreux Camerounais qui se demandent non sans raison de quoi demain sera fait. Le Président de la République a signé le 30 août 2023, une circulaire relative à la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2024. Elle présente le contexte macroéconomique, fixe les objectifs de l’action publique, les orientations générales de la politique budgétaire, ainsi que les dispositions pratiques pour l’élaboration du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2024.

En parcourant ce texte présidentiel, il ressort qu’au cours des prochains mois, la situation du pays sera tributaire du contexte international et des réalités endogènes. Ce n’est pas une surprise en soi, car le Cameroun ne saurait vivre en vase clos. Ce qui frappe d’emblée, ce sont les grandes articulations définies par le Président Paul Biya, où force est de constater qu’au-delà des nouveaux projets, la préparation du budget de l’Etat pour le prochain exercice devra mettre « un accent particulier » sur « la mise en service des grands projets de première génération et la poursuite de la préparation des grands projets de deuxième génération ».

Présenter de cette façon, il n’est pas superflu de rappeler que des « grands projets de première génération » qui auraient pu s’achever depuis une quinzaine d’années, car découlant du septennat des « grandes ambitions » en 2004 sont encore d’actualité. En principe, l’on n’aurait pu également terminer avec des « grands projets de deuxième génération » qui constituent la trame de voute du projet de société du Chef de l’Etat lors du septennat des « grandes réalisations » ayant conduit à sa réélection en 2011. 

A quelques exceptions près, les autres points saillants de la lettre de cadrage du Président de la République notamment « le renforcement de la cohésion sociale et du processus de décentralisation ; la poursuite de la mise en œuvre des plans et programmes de reconstruction des régions affectées par les crises, en particulier celles du Nord-Ouest, du Sud-ouest et dé l’Extrême Nord ; la poursuite de la mise en œuvre de la politique de l’import/substitution ainsi que le maintien de la veille sécuritaire et sanitaire » peuvent prioritairement être rangés dans le septennat des « grandes opportunités » pour lequel Paul Biya a été reconduit à la magistrature suprême au terme du scrutin de 2018.

Pour se résumer, convenons simplement que le budget en préparation devra tenir compte des projets de développement au cours des deux dernières décennies. Une situation assez perplexe qui peut amener à s’interroger naturellement, qu’avons-nous fait pendant vingt ans ? Le Cameroun avance-t-il vers son émergence projetée à l’horizon 2035 comme le clame le gouvernement ? Autrement dit, le Cameroun stagne-t-il ou bien c’est plutôt la marche à reculons ?

Compte tenu de ces paramètres, il est plus qu’urgent pour le Président de la République de donner un coup de pied dans la fourmilière, tant il ressort clairement que des responsables chargés d’appliquer au quotidien le programme de société pour lequel le peuple camerounais lui a renouvelé sa confiance se démarquent davantage par un discours creux et brumeux en lieu et place de l’action.

De quoi donc mettre un bémol sur « l’enthousiasme » affiché par le gouvernement lorsqu’il projette que « les perspectives économiques du Cameroun demeurent positives, bien qu’empreintes d’incertitudes en lien avec l’environnement international. La croissance du PIB réel est projetée à 4,3% dont 4,6% pour le secteur non pétrolier et -2,2% pour le secteur pétrolier ». Ce qui est vrai, c’est que la réalité quotidienne se caractérise par une inflation galopante autour de 7% au point de pourvoir asphyxier de nombreux Camerounais qui attendent des réponses concrètes et efficaces à leurs problèmes.

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