Entreprise et Marché

Barrage de Nachtigal : L’ARSEL dénonce de « graves » défaillances techniques

La mise en exploitation du barrage hydroélectrique du Nachtigal prévue pour février 2024 pourrait être retardée selon l’Agence de régulation du secteur d’électricité (ARSEL) qui q exprimé « sa préoccupation pour les risques de retard dans les délais de livraison des travaux » du fait de « graves défaillances techniques » constatées sur l’ouvrage en construction. Ce constat découle au terme d’une mission effectuée sur le site de construction du barrage le 11 août 2023 qui avait pour objectif de « faire le point de la conformité des investissements aux préconisations légales ».

Dans ce rapport, l’ARSEL souligne que « des fissures verticales sont visibles entre les joints de plusieurs plots, notamment sur les plots 91 et 92 ; 88 et 87 ; 87 et 86 ; et 86 et 85 ; des infiltrations d’eau sont observées sur lesdites fissures ; des fissures horizontales sont observées sur les joints de corps des structures ». Des défaillances techniques qui pourraient provoquer « l’effondrement » de l’ouvrage entraînant de graves conséquences socioéconomiques et environnementales.

Le régulateur mentionne de « nombreux manquements » insiste particulièrement sur les structures de trois grands ouvrages de cette infrastructure, en l’occurrence, « le barrage déversant à seuils labyrinthes, le bassin de dissipation du barrage déversant, ainsi qu’au niveau du raccordement entre le canal d’amenée et la prise d’eau usinière ». A ces manquements, l’on peut ajouter le bassin de dissipation du barrage déversant présente avec « des dégradations précoces et accélérées des bétons » ou encore des « fissures verticales sur les parois de la prise d’eau d’usine ; des fuites d’eau observées au pied de la paroi de la prise d’eau d’usine avec la mise en eau du canal d’amenée ».

Compte tenu de nombreuses anomalies constatées sur le site, l’ARSEL citée par Ecomatin, exige de Nachtigal Hydro Power Corporation (NHPC), la société du projet de construction de l’ouvrage, de lui transmettre toutes les informations nécessaires, notamment le « rapport complet présentant la nature et la profondeur des anomalies constatées, ainsi que toutes les solutions pertinentes pour leur correction ; le chronogramme de mise en œuvre urgente des mesures de réparation et de renforcement des structures des ouvrages du barrage sur lesquelles les pathologies ont été identifiées ».

Faut-il le préciser, les enquêtes menées par l’ARSEL interviennent un mois après la mise en eau – remplissage du réservoir- du barrage de Nachtigal, le 18 juillet 2023. Des récriminations qui prennent le contre-pied d’Electricité de France (EDF), ce partenaire stratégique du projet qui n’a eu de cesse de « rassurer » sur la qualité des travaux, précisant notamment qu’« en tant qu’actionnaire principal, le groupe EDF apporte son expertise pour que Nachtigal soit un ouvrage de qualité et sûr, construit dans le respect de l’environnement ».

D’un investissement global de 786 milliards de FCFA impliquant plusieurs bailleurs de fonds ainsi qu’une quotte part de l’Etat du Cameroun, le barrage hydroélectrique de Nachtigal a une puissance de production est de 420 Mégawatts (MW), soit 30% des capacités de production du pays. Sa mise en exploitation prévue en février prochain avant le fonctionnement à 100% de la centrale en septembre 2024 cristallise des espoirs pour l’amélioration de l’offre en énergie électrique au Cameroun dont seuls 65% de la population en ont accès selon une étude de la Banque mondiale.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *