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Gouvernance : une enquête financière sur fond de batailles de succession de Paul Biya

L’enquête diligentée par la présidence de la République en direction du ministère des Finances s’appuyant sur les mécanismes de contrôle et de gestion budgétaire est considérée par des observateurs comme une guerre de succession à la tête de l’Etat.

Les Camerounais attendent toujours les conclusions des enquêtes liées à l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2022 et de l’utilisation des fonds Covid sont depuis quelque temps préoccupés par l’enquête concernant 1790 personnels du ministère des Finances dans le cadre de leurs activités professionnelles. Les demandes de renseignements engagées par le ministère délégué à la présidence chargé du Contrôle supérieur de l’Etat (CONSUPE) sur « instructions » de la présidence de la République concernent les missions effectuées par les personnels du ministère des Finances et du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire entre 2010 et 2021 relevant des comptes 65 et 94 liées aux « dépenses communes de fonctionnement » non prévues par le budget de l’Etat.  

Une enquête a priori qui vient à point nommé, s’il n’était pas visiblement commandité aux fins de positionnement politique dans ce que des analystes présentent comme des manœuvres de succession au sommet de l’Etat. Selon toute vraisemblance, beaucoup dans les rangs du parti présidentiel, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) affûtent leurs armes dans la perspective de l’élection présidentielle de 2025. Nonobstant que Paul Biya conformément à la Constitution a le droit de se représenter, d’aucuns pensent que son « grand âge », 89 ans actuellement pourrait l’amener à passer le flambeau.

A tort ou à raison, le secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh est présenté dans certains couloirs du pouvoir comme l’un des adjuvants qui nourrit l’ambition de la magistrature suprême. Aussi, ne priverait-il pas d’utiliser « la délégation permanente de signature » concédée par le chef de l’Etat pour mettre à mal, tous les potentiels rivaux dans le camp présidentiel et dont le ministre des Finances, Louis Paul Motazé ferait partie des cibles.

Ferdinand Ngoh Ngoh se sert-il du CONSUPE pour museler Louis Paul Motazé ?

Les contradicteurs du scribe de Paul Biya en veulent pour preuve, la mission de contrôle en cours ciblant particulièrement les personnels du ministère des Finances au mépris de la réglementation en vigueur. Pourtant, sur la base du décret n° 287 du 04 décembre 2013 non seulement « le CONSUPE est incompétent pour contrôler les agents publics ayant exécuté des missions pour le compte de diverses administrations », ce qui renvoie à un « excès de pouvoir ».

Autrement dit, les demandes de renseignements du CONSUPE sont « une incitation à la violation des lois et règlements ». En outre, lesdites demandes « violent les règles de conservation des pièces justificatives des opérations budgétaires ». Régulièrement, le secrétariat général de la présidence est  accusé d’instrumentaliser certains services de l’Etat notamment le CONSUPE pour « régler des comptes personnels » brandissant généralement « les très hautes instructions du président de la République ».

L’enquête concentre tous les éléments  d’un acharnement, car faut-il le relever, les personnels du ministère des Finances ne sont pas les seuls bénéficiaires des engagements des missions dans le chapitre 65. « Toutes les autres administrations en bénéficient, de la présidence de la République aux services du Premier ministre ainsi qu’à tous les ministères ». Pourquoi avoir seulement circoncis ledit contrôle au ministère des Finances ? Ceci conforte-t-il la thèse d’une volonté délibérée de Ferdinand Ngoh Ngoh d’en découdre avec Louis Paul Motazé considéré comme un rival politique ? Les contrôles seront-ils étendus à d’autres administrations ? Pourquoi les contrôles ne concernent que cette période précise ? Autant de questions dont on attend des réponses idoines pour éclairer la lanterne des citoyens.

En tout état cause précise-t-on dans les arcanes du pouvoir « les vérifications du CONSUPE devraient être invités à se conformer aux lois et règlements en vigueur et surtout à l’orthodoxie du contrôle, toutes choses auxquelles ils sont tenus ». Au-delà des règlements de compte dans le sérail, les Camerounais attendent des différentes enquêtes au sein des administrations publiques, une amélioration de la gouvernance publique en vue d’améliorer les conditions de vie des populations.  Des rebondissements en perspective.

                                                                            Avec Financial Afrik

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