La Une

Cameroun-FMI : convergences et divergences autour du programme économique et financier

Une mission du Fonds monétaire international (FMI) a bouclé courant janvier 2023, la troisième revue du deuxième programme économique et financier appuyé sur la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). Les conclusions de cette mission devraient déboucher sur un décaissement de 131 milliards de FCFA (217 millions de dollars) au titre de l’appui budgétaire attendu cette année, conformément à l’accord triennal 2021-2024 d’un montant global de 375 milliards de FCFA (621 millions de dollars) pour accompagner le programme de réformes économiques et financières du Cameroun.

Les discussions entre les deux parties ont été fortement dominées par l’environnement économique international avec ses crises multiformes qui impactent l’économie du pays, bien que cette dernière est loin de se soustraire de ses propres difficultés endogènes. Au-delà du principal point de convergence que constitue « la résilience de l’économie camerounaise » saluée par les experts de Bretton Woods, le Cameroun et le FMI sont en définitive loin de s’accorder sur l’implémentation du programme économique et financier.

Principale pomme de discorde, la subvention sur les carburants qui, selon le FMI freine l’investissement public. Certes, le FMI qui militait pour une « suppression » des subventions au terme de la deuxième revue sur le MEC et le MEDC effectuée en juin 2022 après approbation d’un décaissement de 46 milliards de FCFA (76 millions de dollars) dans le cadre dudit programme triennal semble avoir mis de l’eau dans son vin. Un changement de stratégie qui a amené Bretton Woods à faire une série de propositions au gouvernement pour la réalisation dudit programme.

Primo : le maintien des subventions à leur niveau actuel, c’est-à-dire, 700 milliards de FCFA (1,1 milliard de FCFA) par an ; un rythme « intenable » confesse les autorités camerounaises qui coûtera 2,5 % du Produit intérieur brut (PIB) pour maintenir les prix à la pompe à leur niveau actuel, soit respectivement 630 FCFA le litre d’essence super, 575 FCFA le gasoil et 350 FCFA le pétrole lampant. Secundo, s’aligner sur la variation des cours du pétrole sur le plan international, ce qui pourrait entrainer une augmentation de 64 % du prix du carburant. Dans ce cas, le litre d’essence reviendrait à 1033 FCFA, celui de gasoil à 943 FCFA et 574 FCFA pour le pétrole lampant. Si cette option permettrait à l’Etat de renflouer ses caisses, il est évident que cela engendrerait un renchérissement des prix des produits de consommation avec un grand risque d’une implosion sociale. Tercio, une subvention de 476 milliards de FCFA avec la possibilité d’une augmentation des prix inférieure à 21 %, ce qui pourrait entrainer un réajustement du prix à la pompe à 764 FCFA pour l’essence super, 697 FCFA le gasoil et 424 FCFA le pétrole lampant. 

Le gouvernement hésite, le FMI presse…

D’après des sources, cette option semble la plus plausible au regard du contexte économique actuel. Mais le gouvernement reste dans l’incertitude et continue de chercher « la meilleure solution », confie-t-on. les deux premières options étant plus difficiles à tenir, tout comme les deux autres qui consisteraient l’une à ramener les subventions de carburant à 159 milliards de FCFA (262 millions de dollars), ce scénario pouvant entraîner une forte augmentation des prix à la pompe de 51 %, ce qui serait intenable pour la population au regard du renchérissement de la vie qui surviendrait ; l’autre option étant l’augmentation à 15% comme en 2014, mais qui semble ne pas épouser les réalités économiques actuelles.

Le nouveau programme avec le FMI repose sur cinq piliers et vise notamment à : atténuer les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie de Covid-19 tout en assurant la viabilité intérieure et extérieure ; renforcer la bonne gouvernance et améliorer la transparence et la lutte contre la corruption : accélérer les réformes budgétaires structurelles afin de moderniser les administrations fiscales et douanières, de mobiliser des recettes, d’améliorer la gestion des finances publiques, d’accroître l’efficience des investissements et de réduire les risques budgétaires liés aux entreprises publiques ; renforcer la gestion de la dette et réduire les facteurs de vulnérabilité de la dette ; mettre en œuvre des réformes structurelles pour accélérer la diversification économique tirée par le secteur privé et rendre le secteur financier plus résilient.

Selon des informations, le FMI fait du respect de cette feuille de route, une conditionnalité pour le décaissement des fonds. Reste à la partie camerounaise de s’y conformer, ce qui est loin d’être une partie de plaisir au regard de la gouvernance actuelle.

                                                                                                       Avec Financial Afrik

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *