Gestion des fonds Covid : vingt ministères épinglés
Le deuxième rapport de la chambre des comptes de la Cour suprême sur la gestion des fonds dédiés à la lutte contre la pandémie de coronavirus au Cameroun jette un pavé dans la marre. D’après cette juridiction chargée d’auditer les administrations publiques, vingt départements ministériels sur les vingt-quatre ayant fait l’objet d’un audit sont coupables au minimum de faute de gestion dans le cadre la riposte contre le Covid-19.
Sur cette crise sanitaire qui a affecté le Cameroun comme le reste du monde à partir de mars 2020, le gouvernement a mis sur pied un plan global de riposte d’un montant de 479 milliards FCFA (788 millions de dollars) sur trois ans, dont 296 milliards FCFA (487 millions de dollars) pour l’exercice 2020 ; au cours de la même période, l’Etat a pris des mesures d’assouplissement fiscal à hauteur de 114 milliards FCFA (188 millions de dollars) et créé un « Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le Coronavirus et ses répercussions économiques et sociales » doté de 180 milliards FCFA (296 millions de dollars), réparti en 4 programmes concernant 24 départements ministériels. Le présent rapport porte sur la riposte économique et sociale mise en œuvre au cours du même exercice par les autres ministères.
« Alors que les ressources allouées aux 20 ministères audités s’élevaient à 76,87 milliards FCFA (125 millions de dollars), la chambre évalue à 10,799 milliards FCFA le montant des dépenses effectivement engagées par 4 ministères en 2020, tandis que les 16 autres ministères qui font l’objet du présent audit n’ont engagé aucune dépense au titre de cet exercice », insiste la chambre des comptes.
ll apparaît que 16 ministères n’ont effectué aucune dépense en 2020. Cette situation témoigne des insuffisances dans l’organisation de ces administrations, qui n’ont pas été capables de se mobiliser rapidement dans une situation d’urgence nationale. La Chambre constate en particulier qu’aucun ministère n’a mis en place une organisation ad hoc (contrairement à ce qu’a fait le ministère de la Santé ), ni une procédure de validation interne d’éligibilité des dossiers au financement du Compte d’affectation spéciale, ni une adaptation de son système d’information permettant d’assurer un reporting efficace », mentionne le rapport.
Au bout du compte, les ministères incriminés n’ont pas produit « les rapports d’activité et financiers demandés par le ministère des Finances, ce qui a constitué un obstacle majeur au pilotage stratégique du Fonds spécial ». Conformément aux dispositions réglementaires le contrôle de la chambre des Comptes a porté à la fois sur la régularité de l’emploi des fonds publics et sur la performance de l’action publique, c’est-à-dire « son économie, son efficience et son efficacité ».
Au final, la chambre des Comptes formule 12 recommandations et « décide d’engager une procédure pour faute de gestion ». Des révélations et des rebondissements en perspective.