Entreprises et Marchés

Patronat : le comité des sages ordonne la suspension de la fusion GICAM-ECAM

Protais Ayangma (g) et Célestin Tawamba (d)

C’est une affaire à rebondissements comme le laissaient déjà présager des vents contraires apparus aux lendemains de la signature le 5 avril 2023 de l’acte de fusion entre les deux principales organisations patronales du pays, en l’occurrence, le Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM) qui compte à son actif plus d’un millier d’adhérents et Entreprises du Cameroun (ECAM) qui dénombre plus d’un demi-millier de membres.  

Réuni le 25 mai 2023 à Douala aux fins d’examiner « le traité de fusion signé en date du 5 avril 2023 entre le GICAM et ECAM ainsi que la demande du président du GICAM de recevoir des orientations stratégiques et conseils sur ledit traité », le comité des sages du GICAM n’est pas passé par quatre chemin pour demander la suspension de l’acte de fusion paraphé par le président du GICAM, Célestin Tawamba et son homologue de ECAM, Protais Ayangma.

Dans son réquisitoire, « le Comité ayant constaté des erreurs de forme et de fond dans le Traité de fusion signé avec ECAM le 5 avril (entre autres : informations incomplètes, saisines tardives du comité des sages) demande au président de GICAM de surseoir immédiatement toute activité sur le traité de fusion jusqu’à l’exécution à la satisfaction du comité des sages d’un « due diligence » par un cabinet compétent pour réassurer les membres du GICAM sur le bien-fondé du dossier ».

Toutefois, les Sages ne sont pas fondamentalement hostiles à tout acte fédérateur pouvant déboucher sur une organisation patronale unique plus forte et plus représentative puisque « le comité conseille le président du GICAM que pour atteindre son objectif déclaré louable et entièrement soutenu par le comité des sages, c’est-à-dire d’unifier la voix des membres de ECAM avec celles des membres du GICAM, tout en rehaussant la réputation et pérennisant le nom du GICAM, d’inviter le ECAM de s’abonner au GICAM et de leur proposer un siège institutionnel au conseil d’administration ».

D’après les garants de l’orthodoxie dudit mouvement patronal, « ces deux avis sont adoptés à l’unanimité par le comité comme étant à la lettre et dans l’esprit de l’article 17 des statuts du GICAM ». Avec les derniers rebondissements, le conseil d’administration et l’assemblée générale prévus le 3 juin 2023 s’annoncent houleux, d’autant que ces travaux sont préparatoires aux élections prévues en décembre prochain, où l’on prête des intentions à Célestin Tawamba de profiter de la fusion GICAM-ECAM pour se représenter à la tête de l’organisation patronale alors qu’il devrait plus se représenter au terme de son second mandat conformément aux textes en vigueur.

Pour nombre d’analystes, l’avenir du mouvement patronal camerounais se joue à travers l’acte de fusion contestée des deux organisations patronales. Un feuilleton à plusieurs épisodes où il serait difficile d’envisager pour l’instant l’issue finale. Faut-il le préciser, ECAM a vu le jour il y a une quinzaine d’années suite à une transition mal gérée à la tête du GICAM. Au regard du tournant pris par cette « affaire », trois solutions semblent envisageables : d’abord, la fusion actée entre le GICAM et ECAM ; ensuite, l’échec d’une fusion avec pour corollaire le maintien de l’autonomie des deux structures ; enfin, une troisième voie, la naissance d’une autre organisation patronale. Dans ce dernier cas, ce serait aux antipodes de l’objectif recherché, l’unité pour un patronat plus fort et plus représentatif.

                                      Avec Financial Afrik

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