CEEAC : les enjeux du sommet des chefs d’Etat
L’avenir de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) est au centre des préoccupations des dirigeants de la sous-région qui devraient se retrouver en présentiel du 30 juin au 1er juillet 2023 à Libreville, au Gabon, pour la 23è session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement. Sur le thème « Relever le défi du financement de la communauté pour accélérer le processus d’intégration de la région Afrique centrale et soutenir la mise en œuvre de sa réforme institutionnelle », il est question de déblayer le chemin de ce qui sera la CEEAC dans les prochaines années.
Autrement dit, il s’agit d’aboutir à la rationalisation des Communautés économiques régionales (CER) conformément aux dispositions de l’Union africaine (UA) qui plaide pour la création d’une seule communauté économique en Afrique centrale, ce qui suppose la fusion entre la CEEAC et la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). En effet, l’Afrique centrale est la seule région du continent où l’on trouve plusieurs communautés économiques. Une dispersion d’énergie et de ressources défavorable aussi bien pour la réalisation de l’intégration sous-régionale que pour l’efficience du développement communautaire. Conséquence, c’est la zone du continent la moins intégrée, où le commerce intra-régional se situe en deçà de 3% contre une moyenne continentale de 16%. Au regard du dispositif réglementaire actuel, l’objectif d’attendre 10% d’échanges économiques et commerciaux à l’horizon 2030 semble hypothétique.
Dans cette perspective, le prochain sommet des dirigeants poursuit plusieurs objectifs ; entre autres, faire le point sur l’état de mise en œuvre des décisions des 21ème et 22ème sessions, notamment sur la problématique du financement du processus de l’intégration en Afrique Centrale ; l’examen et la validation des règlements intérieurs des organes et institutions de la communauté ; le point sur les protocoles annexés au Traité révisé de la CEEAC relatifs au Parlement, à la Cour de justice et à la Cour des comptes de la communauté ; l’examen et la validation des textes d’application du règlement financier révisé relatifs aux règles budgétaires et comptables et, à la comptabilité générale et le plan des comptes général de la CEEAC ainsi que la revue de la situation politique et sécuritaire de la région au premier semestre 2023.
Lors d’une session en septembre 2022, le comité de pilotage de rationalisation des CER faisait état des « avancées » réalisées pour déboucher à une seule communauté à travers l’élaboration et la validation d’un Tarif extérieur commun (TEC) à onze Etats ainsi qu’un code des douanes et surtout, l’édification d’une zone de libre-échange unique par l’unification des zones de libre-échange de la CEEAC, soit 220 millions d’habitants et de la CEMAC environ 55 millions d’habitants, ce qui devrait déboucher sur une communauté de 275 millions d’habitants. D’après des experts, « une rationalisation privilégiant la convergence des politiques et programmes, a plus de chance de réussir, face à la multiplicité des parcours historiques et politiques particuliers auxquels il faudrait être sensible, si l’on veut éviter d’introduire le germe de la rupture et de la division dans la région. Ce qui conduirait à la paralysie, et à terme, à la destruction de notre union ».
Faut-il le préciser, les 11 Etats de la CEEAC sont : Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Tchad.