GICAM : la fusion avant l’implosion ?
Les adhérents du Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM) ont au cours d’une assemblée générale extraordinaire le 11 juillet dernier, opté à une écrasante majorité de plus de 72% pour la fusion du mouvement patronal. Aux lendemains de ces assises, c’était autour des membres de Entreprises du Cameroun (ECAM) de se prononcer à plus de 94% pour la fusion, c’est-à-dire, leur retour au GICAM, après la « scission » intervenue il y a quinze ans. La suite du processus prévoit pour le 27 juillet prochain, un conseil d’administration des deux groupes patronaux en vue de plancher et de délibérer sur la mise en place d’un comité mixte chargé de l’élaboration des textes de la nouvelle centrale patronale en création.
Toutefois, malgré l’option pour un mouvement patronal unifié autour du GICAM visant une meilleure efficacité et une représentativité plus accrue devant les instances décisionnelles nationales et internationales, il faudra sans doute beaucoup travailler en interne pour que la fusion récemment actée ne soit pas plutôt porteuse de germes de divisions pouvant entrainer l’implosion du patronat. Pour preuve, après cet acte d’unification, l’une des premières décisions du président du GICAM, Célestin Tawamba, a consisté de mettre un terme aux fonctions du porte-parole, Jacques Jonathan Nyemb.
Dans un communiqué signé du président du GICAM, il est indiqué que « le groupement inter-patronal du Cameroun porte à l’attention des adhérents, des pouvoirs publics, des partenaires et de l’opinion publique nationale et internationale, qu’il a été mis un terme aux fonctions de porte-parole du président, qu’occupait maître Nyemb Jacques Jonathan. L’intéressé n’est dorénavant plus habilité à s’exprimer au nom du président du GICAM à représenter l’organisation », Une décision d’après des observateurs qui s’apparente à une « chasse aux sorcières » dans un contexte où l’on prône pourtant le rassemblement.
Partisan d’une « refondation du patronat », le porte-parole paie sans doute sa liberté d’actions, pour avoir initié un think tank contraire à l’option du président du GICAM, Célestin Tawamba et du président de ECAM, Protais Ayangma. Une « troisième voix » qui laisse croire que Jacques Jonathan Nyemb qui demeure jusque-là le plus jeune administrateur du GICAM aurait des ambitions pour la présidence du GICAM
Par ailleurs, bien qu’ayant que ne disposant pas d’une voix délibérative, le Comité des sages constitués d’anciens présidents et vice-présidents du GICAM qui avait le 25 mai dernier marqué son « opposition » pour la tenue de l’assemblée générale du 11 juillet aurait déjà saisi le gouvernement, à travers le ministère de l’Administration territoriale pour la « suspension du processus de fusion ». Entretemps, le camp à l’intérieur du GICAM opposé à la fusion et qui a porté l’affaire devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Wouri à Douala, a annoncé son intention de poursuivre son action devant les tribunaux, convaincu que « le droit sera dit ».
Dans ce contexte, que peut-on attendre du conseil d’administration prévu pour fin courant juillet ? Se tiendra-t-il avec des démarches visant à amener les autorités à l’interdire ? Quid des décisions du tribunal qui pourraient tomber entretemps et n’épousant pas totalement la fusion ? Face à une radicalisation des positions, ne courre-t-on pas le risque que cette fusion contestée favorise plutôt la création d’une autre organisation patronale ? Une chose est sûre, il faudra s’attendre à des rebondissements dont il est difficile pour l’instant d’envisager l’issue.
Avec Financial Afrik