Economie et Finance

Cameroun : les complexités de l’emprunt obligataire de 200 milliards de FCFA

L’Etat du Cameroun a opté de recourir sur le marché des capitaux dans l’optique de mobiliser des fonds dédiés au financement des projets de développement. Conformément à l’ordonnance du 2 juin dernier modifiant et complétant certaines dispositions de la loi de finances 2023, le président de la République, Paul Biya, a signé le 1er août dernier, un décret autorisant le ministre des Finances à conduire sur le marché international, un emprunt obligataire de 200 milliards de FCFA.

Compte tenu de l’environnement international interdisant pour l’instant la levée des fonds à travers un eurobond aux pays d’Afrique subsaharienne, le Cameroun devra se passer de cette opération comme ce fut le cas en 2015 ou en 2021. Selon des informations, le gouvernement entend plutôt procéder par prêt privé en syndication auprès des banques et autres institutions financières. Une précision de taille, ce prêt sera garanti par une institution bénéficiant d’une notation financière crédible (AAA), ce qui constitue une assurance pour les investisseurs. 

Toutefois, il convient de préciser que le recours à l’épargne internationale intervient dans un contexte difficile pour le Cameroun en butte à des difficultés pour honorer certains de ses engagements. Pour preuve, dans son rapport publié le 27 juillet 2023, Moody’s Investors Service a rétrogradé de deux points la note du Cameroun qui passe de B2 correspondant à la qualité « très spéculative » à Caa1 qui équivaut à « risque élevé ». Une « mauvaise note » qui renseigne que l’Etat fait face aux difficultés de trésorerie, notamment les retards de paiement vis-à-vis de certains créanciers.

Selon l’agence américaine, « les paiements manqués sont intervenus après une série de demandes de liquidités adressées au gouvernement, notamment des subventions plus élevées pour le carburant et une augmentation des dépenses hors budget pour des besoins de sécurité croissants ». Faut-il le préciser, avant le rapport de Moody’s, en mai dernier, Standard & Poor’s (S&P) et Fitch Ratings (FR) faisaient déjà savoir leurs « craintes » sur la situation économique du pays, soulignant notamment « les difficultés du Cameroun à honorer ses engagements vis-à-vis de ses créanciers ».

Lorsqu’on sait que le lancement de cet emprunt devrait intervenir au cours des trois prochains mois, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les autorités camerounaises devront « mouiller le maillot » pour convaincre les investisseurs qui pourraient se montrer peu pressés de mobiliser les fonds car peu rassurés d’être remboursés dans les délais.  C’est peut-être la raison pour laquelle tout en confirmant que pour l’instant « aucun accord n’a été signé », le gouvernement se contente juste de préciser que « des discussions sont en cours avec de grands groupes bancaires ».

Les résultats des discussions en cours détermineront certainement ce que sera cette opération de levée de fonds.

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