La couverture nationale en électricité reste le principal objectif de la société Energy of Cameroon (ENEO). Malgré un environnement difficile, l’opérateur historique du service d’électricité reste déterminé à illuminer l’ensemble du pays. Pourtant, l’entreprise accumule plus de 600 milliards de FCFA de dettes auprès de ses clients, qu’ils soient institutionnels, particuliers ou privés. Toujours est-il que l’objectif reste le même, permettre à tous les Camerounais d’accéder à l’électricité.

Autrement dit, « que le taux d’accès à l’électricité soit de 50% ou de 60% cela ne nous intéresse pas. Notre objectif est d’atteindre une couverture de 100% d’électricité pour tous les Camerounais », a indiqué le Directeur général d’ENEO, Amine Homman Ludiye. Selon lui, si le taux de couverture de 100% est atteint dans certaines localités à l’instar de Douala et de Yaoundé, « ce taux reste très bas dans plusieurs zones. Nous devons travailler pour inverser cette tendance », a-t-il confié au cours d’un échange avec les membres de Press Eco, le 17 novembre 2023 à Edéa.

Toutefois, la couverture totale du pays en électricité ne saurait être réalisée du seul fait de la société en charge de la production, de la distribution et de la commercialisation de l’énergie électrique. L’atteinte de cet objectif nécessite une combinaison de tous les acteurs dédiés, au rang desquels les pouvoirs publics à qui revient non seulement la responsabilité de définir la politique énergétique nationale mais aussi, d’assurer son implémentation.  

Pour l’instant, en plus de la production qui reste au cœur de l’activité avec 978 Mégawatts (MW) sur un mix énergétique total installé de 1557 MW, ENEO poursuit le renforcement et la modernisation des infrastructures. Des exemples des barrages hydroélectriques d’Edéa (276,4 MW), Songloulou (384 MW), Lagdo (72 MW), ainsi que les barrages de retenu sont de meilleures illustrations. En vue d’améliorer la qualité des infrastructures, 73,9 milliards de FCFA ont investis en 2022. La visite des barrages hydroélectriques d’Edéa et de Songloulou les 17 et 18 novembre 2023 a permis aux journalistes de cerner les réalités du terrain et mieux comprendre des efforts déployés au quotidien par ENEO pour offrir l’électricité aux Camerounais. Malgré le poids de l’âge, plus de 70 ans pour la centrale d’Edéa et près de 50 ans pour celle de Songloulou, ces infrastructures restent très performantes, ont rassuré les responsables d’ENEO. D’ailleurs, le taux d’utilisation de ces barrages tourne autour de 80%, a-t-on appris.

Au sujet d’une actualité qui pourrait déboucher sur une restructuration d’ENEO, le Top management s’est montré « rassurant » notamment l’avenir immédiat de l’entreprise. Sur l’éventualité de la nationalisation d’ENEO avec le départ annoncé du Fonds britannique Actis qui détient 51% d’actions, contre 44% pour l’Etat du Cameroun et 5% pour le personnel, le Directeur général a précisé que « quel que soit l’actionnaire, sa mission sera de fournir l’électricité aux Camerounais ».  Aussi, après avoir rappelé le « souci » du Gouvernement pour une meilleure offre de l’énergie électrique, Amine Homman Ludiye, souhaite l’implication de tous pour « une efficacité énergétique », c’est-à-dire, des « bonnes habitudes » de consommation profitables car celles-ci peuvent entrainer une diminution de la consommation et envisager une économie d’énergie. Ainsi, « sur les 25% de pertes énergétiques, 10% sont dues pour des raisons techniques, le reste pour d’autres raisons dont la fraude », a-t-il précisé. Il s’agit d’une responsabilité individuelle et collective qui vise un intérêt général.

Les responsables d’ENEO fait le tour d’horizons de l’activité, ce qui a permis de mieux comprendre les enjeux autour de la production, de la distribution et de la commercialisation. Pour l’exercice 2022, ce sont 224 000 nouveaux ménages et entreprises qui ont été connectés au réseau, soit un accroissement de 13,25%. Par ailleurs, l’entreprise affirme avoir investi 181 milliards de FCFA entre 2014 et 2023 pour améliorer la distribution et la commercialisation.  Bien que le transport revienne à la Société nationale de transport d’électricité (SONATREL), des échanges ont permis de comprendre qu’il « n’y a aucun conflit », contrairement à ce que d’aucuns pourraient y croire. Une « convergence de vue » partagée également avec l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (ARSEL) sur la tarification.

Par ailleurs, nonobstant un endettement très élevé du fait notamment du non-respect des clauses contractuelles de ses clients, ENEO rassure que plusieurs chantiers vont se poursuivre en vue de satisfaire sa clientèle. Des mesures sont prises pour lutter contre les coupures de courant et des délestages, y compris en période d’étiage. La lutte contre la fraude va se poursuivre, tandis que l’extension du réseau reste au centre de l’activité. Pour le reste, l’entreprise table sur des perspectives positives à travers l’amélioration des conditions de vie du personnel, l’amélioration de la qualité des investissements, la protection de l’environnement, la lutte contre la pollution, la digitalisation et la simplification ainsi que les autres réformes qui constituent une valeur ajoutée.

ENEO révèle que dans le cadre des autoroutes de l’électricité en étude, le projet d’interconnexions entre le Réseau interconnecté Sud (RIS) et le Réseau interconnecté nord (RIN) pourrait permettre l’optimisation de la couverture nationale garantissant une meilleure offre en énergie électrique.  Ceci devrait notamment favoriser de réaliser le taux de 100% couverture de visé par l’entreprise.