Révolution agricole : L’opérationnalisation du Guichet agroécologique cacao-café
Elle s’inscrit dans le prolongement de la logique de changement de paradigme de la subvention agricole voulue par le Gouvernement à l’échelle nationale en vue de poursuivre le processus opérationnel du Guichet producteurs du FODECC pour les filières cacao et café, la finalité étant l’intensification et la durabilité de la production ainsi que l’amélioration des revenus des producteurs et de leur bien-être.
La transition agroécologique est un processus d’intensification agricole durable permettant d’augmenter et de diversifier les productions au bénéfice des producteurs et des consommateurs tout en préservant les écosystèmes agricoles. De l’avis des experts, l’agroécologie nécessite un ensemble d’interventions portant sur différentes composantes des systèmes agricoles et alimentaires (production, transformation, distribution, consommation), à différents niveaux (local, national, mondial). Elle a de profondes implications sur la manière dont la recherche, la formation professionnelle ainsi que le conseil et la vulgarisation agricole sont organisés.
Les grands principes de la Transition agroécologique
Un large consensus s’est ainsi développé sur les points d’attention suivants :
• Le rôle des innovations : l’agroécologie s’appuie sur un corpus croissant de preuves scientifiques et reconnaît la nécessité d’évoluer grâce à des innovations responsables qui respectent un cadre éthique, sont adaptées aux contextes locaux et basées sur une hybridation des connaissances locales et scientifiques.
• La mesure de la performance : pour plaider en faveur de l’agroécologie, il est nécessaire de disposer d’une mesure opérationnelle spécifique non seulement basée sur des indicateurs de production et de productivité (rendement, revenu par ha, etc.) comme dans le cas de l’agriculture conventionnelle, mais incluant des indicateurs de performance (technique, économique, sociale) et d’empreinte environnementale.
• L’utilisation d’intrants : l’utilisation d’intrants de synthèse, notamment d’engrais, n’est pas systématiquement proscrit mais doit être adaptée aux systèmes agricoles et aux niveaux actuels de consommation. Elle ne devrait être envisagée qu’en complément d’un certain nombre de pratiques agricoles compatibles avec l’agroécologie et visant à réduire, voire à éliminer, leur utilisation.
• Les progrès génétiques : l’agroécologie valorise le progrès génétique que la science peut apporter grâce aux méthodes de sélection modernes à condition que les objectifs de sélection restent compatibles avec l’agroécologie. La conservation in situ et la protection des droits des semences paysannes sont essentielles.
• La digitalisation : le numérique doit favoriser la production de références locales, l’échange d’expériences entre acteurs et l’apprentissage collectif. Les outils numériques sont également appréciés s’ils permettent de meilleures connexions entre les producteurs et les consommateurs.
• L’Agriculture familiale et/ou l’agriculture industrielle : bien que l’agroécologie soutienne les systèmes de production à petite échelle et l’agriculture familiale car ils sont mieux adaptés à son programme d’équité et d’équité sociale, elle peut également être appliquée, à la fois dans ses dimensions techniques et sociales, à l’agriculture industrielle et aux grandes exploitations.
• Le rôle du marché : la transformation à grande échelle nécessite la promotion et/ou le soutien de chaînes de valeur compatibles avec l’agroécologie et capables de commercialiser la diversité des productions qui en découlent. Des consommateurs bien informés sont essentiels pour orienter le marché.
• Le besoin de transformation à grande échelle : un changement d’échelle implique la diffusion de méthodes d’intervention basées sur des approches participatives, le renforcement des capacités des acteurs à innover en valorisant l’échange d’expériences, la mobilisation du secteur privé pour promouvoir l’investissement et le développement des marchés et la création d’un environnement favorable comprenant de nouveaux mécanismes de financement et de nouvelles attentes.
Les attentes
L’objectif gouvernemental consiste en l’augmentation de la production nationale de cacao à 640 000 tonnes à l’horizon 2030 et celle du café à 160 000 tonnes. Les enveloppes budgétaires s’élèvent à 6.2 milliards de FCFA. Mais elles sont appelées à croître de manière exponentielle pour atteindre 50 milliards de FCFA, dans 5 ans, après la période de rodage. Il s’agit pour le Cameroun de reconquérir à moyen terme le leadership au niveau continental et mondial naguère incarné dans lesdites filières.