Editorial

Inquiétudes

On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, dit-on de manière prosaïque. Cette assertion n’a jamais été aussi vraie pour le Cameroun dont les réalités quotidiennes laissent croire qu’il se trouve dans un carrefour. Dans ce contexte, opérer un choix peut s’avérer complexe, voire difficile lorsque les chemins ne sont pas –bien- matérialisés. On se laisse aller à des conjectures. Faut-il aller à gauche ou faudrait-il plutôt prendre par la droite ? N’est-il pas mieux de continuer tout droit ou alors la solution idoine ne serait-elle pas de rebrousser chemin ?

Il faut pourtant prendre une décision en mesurant toutes les conséquences qui peuvent en découler.

Certes, nous ne serons pas péremptoires en affirmant que tel est un bateau dans la tourmente, le Cameroun est en train de couler. Mais la lucidité commande que nous nous interrogions à haute voix ; où va le Cameroun ? Il n’y a qu’à prendre l’exemple des batailles larvées et ouvertes qui écument le sérail dans la perspective d’une alternance – prochaine – à la tête du pays pour comprendre que l’heure est grave.

En réalité, tout peut changer à tout moment. Tels des sicaires embusqués, des clans qui luttent pour le contrôle du pouvoir ne se font aucun cadeau, au mépris d’une écrasante majorité des Camerounais paupérisés. La manipulation et l’instrumentalisation font partie des armes les plus utilisées tournant sans vergogne des concitoyens en bourrique. Des interrogations fusent. Est-ce que le commandant de bord contrôle toujours le gouvernail ? Comment faire pour stopper la spirale actuelle ? Il se trouve que des créatures sont devenues des montres sans foi ni loi, déterminées à en découdre avec tout le monde, y compris « l’anéantissement » de leur créateur. A la guerre comme à la guerre, chaque camp utilise des armes en sa possession, qu’elles soient conventionnelles ou pas.

Pourtant, la conjoncture est difficile pour les Camerounais avec une tendance haussière des principaux produits de consommation. Le taux d’inflation a atteint une moyenne annuelle de 7,8%, soit plus du double du taux toléré dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).

Dans un rapport, l’Institut national de la statistique (INS) renseigne que cette augmentation est principalement due à la hausse des prix des produits alimentaires et des transports, avec des taux d’inflation respectifs de 12,8% et 11,5%. Autrement dit, la hausse généralisée des produits est la conséquence de l’augmentation des prix du carburant intervenue en début d’année, ce qui a créé un effet domino de la production à la consommation en passant par la distribution.

A l’analyse, la « dynamique inflationniste » est le résultat d’une combinaison de facteurs à la fois nationaux et mondiaux. Toutefois, l’on remarquera que la hausse des prix est plus marquée pour les produits locaux, soit une augmentation moyenne de 8,5% contre 6,0% pour les produits importés. « A l’échelle nationale, la réduction des subventions sur les prix des hydrocarbures, les perturbations climatiques et les défis sécuritaires notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont contribué à alimenter l’inflation », souligne le rapport.

C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’adoption de la Loi de finance 2024, équilibrée en recettes et en emplois à la somme de 6740,1 milliards de FCFA. Par rapport au précédent exercice, elle enregistre une augmentation de 13,2 milliards de FCFA en valeur absolue et 0,2% en valeur relative. Sauf qu’au-delà de ce budget en hausse, le plus dur attend les Camerounais. Pour preuve, comme « innovations », la loi de finances 2024 annonce des nouvelles taxes notamment « l’institution de mesures fiscales, douanières et non fiscales nouvelles, la rationalisation de la parafiscalité dans certains organismes, la diminution des crédits destinés aux chapitres communs, couplée à la rationalisation des dépenses de fonctionnement des administrations ». Indiscutablement, c’est un mauvais présage pour les ménages. Question : A force de serrer la ceinture les Camerounais ne courent-ils pas le risque d’être –totalement- asphyxiés ?

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