Banques

CEMAC : Les filiales des multinationales accusées de bloquer la politique monétaire

La Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) fait face à des difficultés pour l’implémentation de sa politique monétaire du fait de l’adhésion partielle de certains groupes bancaires. Sur les 52 banques en activité dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), l’Institut d’émission monétaire souligne que les filiales des groupes bancaires internationaux constituent l’un des principaux freins au développement de la politique monétaire.

Si le montant dévolu à ces filiales n’est pas clairement précisé sur les 955 milliards de FCFA de surliquidité bancaire en 2023, la Banque centrale relève que lesdites filiales détiendraient les excédents de liquidités « les plus importants » du système bancaire de la zone CEMAC. Des fonds « dormants » qui ne participent malheureusement pas au financement de l’économie sous-régionale dans un environnement où des agents économiques, notamment les Petites et moyennes entreprises (PME) font face aux difficultés de financements bancaires pour développer leurs activités. 

« Les politiques des maisons mères constituent les principaux obstacles à leur participation aux opérations de reprise de liquidité de la BEAC et au marché interbancaire de la CEMAC », souligne la BEAC dans son rapport. Cette situation s’expliquerait par les taux d’intérêt relativement bas, donc pas assez intéressants pour ces multinationales. A cela s’ajouterait une certaine « méfiance » affichée par les groupes bancaires internationaux qui s’appuieraient surtout sur l’abaissement de la note de crédit par des agences de notation attribuant parfois une note « extrêmement spéculative » aux Etats de la zone. 

Par ailleurs, la combinaison des facteurs exogènes et endogènes, entrainant entre autres, les difficultés des pays de la sous-région à honorer le calendrier d’apurement de leurs dettes, l’inflation galopante, les enjeux sécuritaires, sans oublier l’incertitude politique poussent des agences de notation à une dégradation des économies de la CEMAC. Un contexte systémique auquel les filiales des multinationales préfèrent opter pour une certaine « prudence ».

Ainsi, pour faire face à la surliquidité bancaire, la BEAC s’appuie à la fois sur l’émission de Bons du Trésor de courtes maturités, comprises entre 14 et 28 jours, des opérations hebdomadaires sans oublier l’absorption de liquidités de longue durée afin d’accroître la participation des banques à ces opérations.

Au 31 septembre 2023, l’encours des réserves totales des banques en activité dans la CEMAC s’élevait à 3 616 milliards de FCFA, soit 991 milliards FCFA représentant les réserves obligatoires et 2 624 milliards FCFA constitués de réserves excédentaires voire « oisives » renseigne le Fonds monétaire international (FMI). D’après des informations, ce montant représente 25,4% des dépôts, 16% du total bilan et 25,3% des crédits.

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