Le monde des affaires vibre du 17 au 19 avril 2024 dans la métropole économique camerounaise de Douala, au rythme de la 4è édition du Cameroon Investment Forum (CIF). Organisé par l’Agence de Promotion des Investissements (API), ce rendez-vous économique qui vise l’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale intervient au moment où le Cameroun déblaie non sans difficultés, le chemin pour parvenir à son émergence projetée dans une dizaine d’années.

Aussi, pour ce quatrième rendez-vous du monde des affaires qui voit la participation des investisseurs venus des quatre coins la planète et opérant dans divers secteurs d’activité, la thématique centrale porte sur « L’attrait des investissements productifs dans les chaînes de valeur agricoles, pastorales et halieutiques en vue d’intensifier la dynamique d’import-substitution au Cameroun » : focus sur les filières riz, maïs, poison, lait et palmier à huile.

Il s’agit essentiellement des produits de grande consommation et dont des importations très élevées impactent sérieusement sur la vie des populations, en ce sens qu’elles engloutissent globalement chaque année plus de 600 milliards de FCFA de FCFA contribuant en grande partie au déficit de la balance commerciale qui s’élève à 1500 milliards de FCFA par an. Dans les détails, le Cameroun consacre chaque année 265 milliards de FCFA pour les importations du riz, ce qui en fait la denrée alimentaire la plus importée du pays. La courbe évolutive des importations est d’ailleurs assez inquiétante. Puis, suivent dans l’échelle des valeurs les importations du poisson qui se situent à plus de 200 milliards de FCFA, l’huile de palme pour plus de 100 milliards de FCFA, le lait environ de 53 milliards de FCFA et le maïs, près de 3 milliards de FCFA.

Ces données et bien d’autres démontrent s’il en était encore besoin, l’urgence pour le Cameroun d’inverser cette tendance au risque d’aller tout droit au mur. Dans son discours de fin d’année 2023, le Président de la République a prescrit au Gouvernement l’implémentation de plan triennal intégré d’import-substitution pour la période 2024-2026 en vue de permettre au Cameroun « d’économiser de précieuses ressources ». Pour Paul Biya, « ce plan, en renforçant notre souveraineté alimentaire, devrait réduire l’impact négatif des importations sur notre balance commerciale. Le déficit y afférent est évalué à un peu plus de 1500 milliards de francs CFA par an ».

Ainsi, différents intervenants aussi bien le Maire de la Ville Roger Mbassa Ndiné, le Président du Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM), Célestin Tawamba, la Présidente du Conseil d’administration de l’API, Diana Acha-Mofaw ou le représentant de l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (ONUDI), ont insisté pour le renforcement des investisseurs au Cameroun. Même préoccupation lors des panels politique et technique ponctués entre autres d’interventions de Paul Tasong, Ministre délégué au Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), Achille Bassilekin III, Ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat (MINPESA).

En effet, la Loi N° 2013/004 du 18 avril fixant les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun définie les incitations communes, c’est-à-dire, des incitations douanières et fiscales, des incitations administratives, des incitations financières, sans oublier les incitations spécifiques.

Dans son intervention, le Directeur général de l’API, Boma Donatus, a retracé l’évolution du CIF depuis la première édition en 2015. Pour lui, si le Cameroun veut éviter la dégradation de sa balance commerciale, « l’import-substitution prescrite par le Président de la République dans son discours à la nation le 31 décembre 2023 est une panacée. Et l’Agence de Promotion des Investissements (API) est en avant-garde de cette action. Le Cameroon Investment Forum apparaît donc comme un cadre approprié pour donner un coup d’accélérateur aux investissements dans les filières porteuses ciblées par le Chef de l’Etat ».

Pendant cette cérémonie d’ouverture, un vibrant hommage a été rendu à Marthe Angéline Mindja, Directeur général de l’API décédée le 29 décembre 2023, « pour l’immense travail abattu dans la promotion de la destination Cameroun ». Outre la signature des Mémorandums d’entente (MoU) entre l’API et diverses institutions, le forum se poursuit à travers des salons thématiques, les stands et expositions sans oublier les rencontres B to B et B to G devant permettre de nouer ou de renforcer des partenariats d’affaires.