Entreprises et Marchés

Affaire PAD – Cabinet Atou : Pour mieux comprendre les enjeux

Cela fait plusieurs années que l’affaire entre le Port Autonome de Douala (PAD) et le Cabinet Atou au sujet des actifs issus de la liquidation de l’ex Office national des ports du Cameroun (ONPC) polarise l’attention d’autant qu’elle met en exergue le système de gouvernance en vigueur, et plus précisément, le fonctionnement du système judicaire.

D’après des sources, la meilleure compréhension de cette problématique suggère d’apporter des réponses idoines à des questions précises. Le cabinet Atou a-t-il été désigné comme liquidateur des ex-ONCPB, REGIFERCAM ET ONPC ? « La réponse est non », précise-t-on. Selon des informations proches du PAD, il est précisé que « le rôle assigné au Cabinet Atou était celui de sauvegarde des actifs restants du portefeuille des trois entreprises en question, déjà engagées dans un processus de liquidation. Il est important de souligner que ces trois liquidations ont été clôturées en 2006 par une décision prise par le Ministre en charge des liquidations à l’époque ».

 La réponse à cette préoccupation suscite d’autres interrogations. Est-ce que le mandat de sauvegarde des biens des ex-ONCPB, REGIFERCAM ET ONPC pouvait autoriser le cabinet Atou à vendre ou s’approprier ces biens ? Il ressort des informations recoupées que ce n’est pas possible étant donné que « le mandat de sauvegarde des biens des anciennes entités ONCPB, REGIFERCAM et ONPC accordé au Cabinet Atou n’autorisait en aucun cas la vente ou l’appropriation de ces biens ». Autrement dit, « tout acte visant à s’approprier des biens publics placés sous sa responsabilité constitue un délit d’initié. De manière plus préoccupante, le Cabinet Atou a été accusé d’avoir cédé ces biens à des particuliers, en violation flagrante des limites de son mandat ».

Pourtant, le cabinet Atou proclame que la liquidation, par des ventes des actifs résiduels des ex-ONCPB, REGIFERCAM ET ONPC avait pour but d’apurer le passif de ces trois entreprises. Une position battue en brèche dans ces ex entreprises publiques, « étant donné que le Cabinet Atou n’avait pas le statut de liquidateur, il ne pouvait en aucun cas revendiquer les responsabilités qui incombent à un liquidateur officiel ». Ce qui peut amener à se poser quelques questions : Lazare Atou est-il en mesure de fournir des preuves tangibles démontrant que les sommes collectées par ses activités de vente immobilière depuis 2006 ont réellement permis de régler les dettes restantes des entreprises liquidées ? De plus, peut-il prouver que ces fonds ont été intégralement reversés au Trésor Public, comme l’exige la loi ? A en croire des sources, « ces interrogations soulèvent des doutes sérieux quant à la transparence et à la légalité des actions entreprises par le Cabinet Atou ».

Au demeurant, pourquoi malgré la clarification du texte présidentiel du 24 janvier 2019, un particulier et son cabinet décident de défier les textes de la République et l’autorité du Chef de l’Etat ? Pour nombre d’observateurs, « la situation révélée met en lumière le fait que le promoteur du Cabinet Atou, Atou Lazare, ne constitue que la partie émergée d’un vaste réseau de personnalités dont la plupart ont été délibérément compromis. Ce réseau inclut des membres du gouvernement, des hauts gradés de l’armée, de la gendarmerie et de la police, des magistrats, des hauts fonctionnaires de l’administration publique, ainsi que des hommes d’affaires, entre autres. Ces individus, pour préserver les biens de l’État devenus des biens privés, se trouvent contraints de protéger leur vendeur et/ou donateur, à savoir Lazare Atou ».

In fine, des informations proches du dossier laissent croire que « tous ceux qui se sont fait rouler par le Cabinet Atou, et son promoteur Lazare Atou, dans des ventes, location des terrains et immeubles issus des liquidations de ces trois entreprises d’Etat doivent savoir qu’ils ne détiennent aucun droit ni titre sur ces biens ». A défaut de se faire rembourser, ils pourraient se rendre « coupables de complicité de détournement des biens publics », apprend-on.

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